Covid-19 et prise en charge des personnes vivant avec le VIH à Antananarivo : se mobiliser pour le maintien du traitement antirétroviral en contexte de pandémie
Résumé
La crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 a eu un impact important sur le dépistage, l'accès aux soins et le suivi des personnes vivant avec le VIH (PvVIH). L'étude ANRS CoVIH-OI étudie les effets de la pandémie sur la prise en charge des PvVIH à Antananarivo, Madagascar. Soixante entretiens semi-directifs ont été menés entre février et juillet 2021 auprès de PvVIH, d'acteurs de prise en charge médicale, associative et de coordination. La période investiguée s'étend de mars 2020 à juillet 2021.
Les résultats montrent que la peur d’attraper la Covid-19, les difficultés de déplacement liées à la suspension des transports en commun pendant le confinement et la crainte de la stigmatisation ont entraîné une baisse de la fréquentation des structures de santé par les PvVIH. Certaines ont pu maintenir leur traitement antirétroviral (ARV) grâce à la mobilisation de compétences individuelles ou sociales pour se rendre dans leur centre de prise en charge. La mobilisation des professionnel.les de santé et des médiateurs associatifs pour délivrer des ARV près de leur domicile et en plus grande quantité a également facilité ce maintien. Les PvVIH se sentent particulièrement vulnérables face à la Covid-19, d’où un renforcement de la confiance envers les soignant.es et envers les ARV, perçus comme un moyen de se prémunir de la Covid-19. La Covid-19 fait émerger des problématiques déjà présentes à Madagascar avant la pandémie, comme le poids de la stigmatisation des PvVIH sur le recours aux soins.
Des pistes d’action concrètes émergent des résultats : prendre en compte les savoirs et compétences des PvVIH et des acteur.trices communautaires; créer un guide pratique de gestion de la distribution des ARV en contexte épidémique ; maintenir les liens entre les PvVIH et les structures de prise en charge ; formuler des messages rassurants pour faciliter leur recours aux structures de santé en contexte épidémique et éviter ainsi les patient.es perdus de vue ; favoriser la démocratisation de la connaissance sur le VIH et sur l’efficacité des ARV. Ces recommandations serviront de base aux activités de transfert de connaissances qui seront construites dans une démarche participative avec les acteur.trices et institutions impliqués dans le suivi des PvVIH à Madagascar.
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